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Cela place le voyage dans l'au-delà en l'an 1300, puisque Dante était
né en 1265. Cette interprétation est unanimement acceptée par les
commentateurs ; seul Gelli cite une opinion selon laquelle « le milieu
de la vie » signifierait « en dormant, pendant cette moitié de la vie que
nous passons en dormant » ; ce qui est à la fois juste quant au fond et
inexact comme interprétation textuelle.
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La forêt de l'erreur. S'appliquant à Dante, cette image indique
que le poète avait passé sa jeunesse au milieu des erreurs, s'était laissé
séduire par les tentations, et venait de se rendre compte de sa dé-
chéance. Du point de vue de l'humanité en général, cela signifie que
l'homme qui a perdu le droit chemin peut se racheter, soit par la rai-
son humaine, soit par l'intervention de la grâce.
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Ce bien est interprété (Scartazzini) comme une allusion à l'ap-
parition de Virgile, dont il sera question plus loin ; auquel cas l'ex-
pression serait pléonastique et ferait double emploi avec le vers sui-
vant. Plus probablement, l'auteur signale ici la grande découverte,
dont il ne parlera plus e des termes précis, de la voie de salut, c'est-à-
dire la révélation de son état, qui l'oblige à se reprendre et, en le cher-
chant enfin, à retrouver le droit chemin.
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Le sommeil de l'âme, image biblique du péché.
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Interprété en général comme « le Mont du Seigneur » expres-
sion biblique et symbole de la vie vertueuse. Cependant, les commen-
tateurs hésitent souvent, car Dante ne parle pas de mont, mais de col-
line ; et, d'autre part, il est évidemment trop tôt pour parler de vie
« intégralement vertueuse », au moment où le poète plonge encore
dans les fautes anciennes, dont il ne fait que tenter de se dégager. Plus
probablement, la colline symbolise simplement l'idée d'ascension, de
remontée, qui s'impose naturellement à l'esprit comme l'image visible
de l'idée de rachat.
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La nuit est ici symbole de l'état de péché.
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Ce passage, qui n'est que la forêt sombre, ne permet pas à
l'homme d'y rester, c'est-à-dire de vivre dans la vie de perdition, et de
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se sauver en même temps, c'est-à-dire de vivre dans la vie éternelle.
C'est là l'opinion la plus courante parmi les commentateurs. Une au-
tre opinion résout de façon différente l'expression quelque peu ambi-
guë du poète, en interprétant : « Le sinistre passage que nul homme
vivant ne saurait éviter » ; le sens serait que tous les mortels sont
soumis au péché, et que la vie passe par lui, inévitablement  mais
l'interprétation semble forcée. Cf. Antonio Pagliari, Studi letterari,
Miscellanea in onore ai Emilio Santini, Palerme 1956, pp. 101-111.
Une troisième interprétation semble possible. Le poète vient de sortir
de la forêt sombre, qui prend fin sur la « plage déserte », au pied de la
colline. En se retournant pour regarder le chemin parcouru, il consi-
dère le passage, qui n'est peut-être pas la forêt elle-même, mais le sen-
tier difficile qui lui a permis je sortir de cette forêt. Dans ce cas, il veut
dire peut-être qu'il regarde le passage qu'il a franchi vivant, lui, mais
que nul autre n'avait franchi auparavant : ce qui indiquerait déjà qu'il
s'est engagé dans le chemin de l'au-delà, et qu'il voyage avec son corps
dans un paysage qui n'est pas fait pour les hommes  idée que l'on
retrouve souvent dans son poème.
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C'est ici l'un des vers les plus discutés du poème. Pour Boccace,
il s'agit de « la manière accoutumée de ceux qui montent, qui s'arrê-
tent souvent davantage sur le pied qui reste plus bas ». Il existe une
sorte de petite guerre entre les commentateurs qui pensent que le
poète était en train de monter (Scartazzini, D'Ovidio) et ceux qui
croient que cette image traduit les mouvements de celui qui avance
sur un plan horizontal (Giovanni Agnelli, Giornale dantesco, 1926) ;
sans parler de Luigi Valli, pour qui « le pied ferme » signifie « le bon
pied ». Ce qui fait l'embarras des critiques dans l'explication de ce
détail, qui n'est pas sans avoir une certaine transcendance, c'est que
l'on y cherche une image réaliste de la marche ; mais c'est une chose
connue, que les écrivains anciens se font du mouvement des images le
plus souvent fausses, et qu'il serait vain de traduire en attitudes réel-
les : le commentaire de Boccace en est un témoignage. D'autre part,
en s'acharnant sur l'interprétation photographique de ce mouvement,
les commentateurs ont perdu de vue son sens allégorique, dont per-
sonne ne parle. Sans trop insister sur l'arbitraire de cette image inter-
prétée au pied de la lettre, il convient de signaler qu'elle a sans doute
un sens allégorique : le poète s'engage dans la voie du salut, mais d'un
pas mal assuré, et son pied qui avance tâte le terrain, tandis que le
pied ferme le retient en arrière : il y a dans sa démarche une double
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tendance, celle de se dégager des tentations qu'il laisse derrière lui, et
qu'il abandonne difficilement, et celle qui le retient et le rappelle  le
pied ferme qui alourdit sa démarche, cependant que le pied mal assu-
ré voudrait fuir. Dante aspire donc à fuir le péché, mais il ne le fuit pas
de toutes ses forces : la preuve en est dans les trois bêtes qui surgiront
tout de suite, et dont la présence prouve qu'il n'est pas encore en état
de marcher et de s'éloigner du sinistre vallon par ses seuls moyens de
pécheur.
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Les trois bêtes qui sortent au-devant du poète, pour lui couper
la route du salut, représentent les trois vices qu'il craint le plus : la
luxure (le guépard), l'orgueil (le lion) et la soif d'argent (la louve). Ce
symbolisme, très généralement adopté par les commentateurs, est
probablement emprunté à Hugues de Saint-Cher ; cf. G. Busnelli, Il
simbolo delle tre fiere dantesche, Rome 1909. Il est à supposer que
l'allégorie a une signification personnelle : le poète reconnaît que ce
sont là des vices dont il se sait contaminé, indépendamment de l'ap-
plication universelle qu'il convient d'en faire. Selon d'autres commen-
tateurs (Flamini), les trois bêtes représenteraient, plus généralement,
la méchanceté, la violence et l'incontinence. Il nous semble cependant
qu'il ne serait pas sans intérêt de revenir à l'ancien parallélisme, déjà
signalé par Boccace, et selon lequel les trois bêtes seraient les trois
ennemis universellement reconnus au Moyen Age, Caro, Mundus et
Demonius, la Chair, le Monde et le Diable. S'il en est ainsi, il ne s'agit
plus de trois vices seulement, mais des trois sources des vices. D'autre
part, l'allégorie personnelle apparaît ainsi comme plus plausible :
Dante peut s'accuser lui-même d'être sujet aux trois tentations de tous
les hommes ; mais on s'explique moins qu'accusé à Florence de
concussion et de prévarication, Dante admette lui-même qu'il s'est
laissé dominer par la soif de l'argent.
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On pensait au Moyen Age que le monde avait été créé par Dieu
au printemps, sous la constellation du Bélier. On estime que le voyage
de Dante commence le yendredi-Saint 25 mars 1300, qui est la date
qu'il semble indiquer ici et plus loin, Enfer, XXI, note 211. Cf. G.
Agnelli, Topo-cronagrafia del viaggio dantesco, Milan 1891.
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C'est l'ombre de Virgile qui apparaît ainsi au poète. L'air mal
assuré que lui attribue celui-ci a été interprété diversement : symbole
de l'obscurcissement de la réputation de Virgile durant le Moyen Age,
qui l'avait presque oublié (Boccace ; cf. R. Fitzgerald, The style that
does honor, dans Kenyon Review, XIV, 1952, p. 278) ; façon d'indi-
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quer les longs siècles écoulés depuis sa mort (Fanfani) ; prédomi-
nance du sens allégorique, qui veut montrer que le pécheur qui com-
mence à s'éloigner du péché n'entend d'abord que faiblement la voix
de la raison (Scartazzini-Vandelli). Cette dernière interprétation ren- [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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